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« Architecte » : DA Uzi dans la cour des grands ?

Dylan De Abreu

Un peu plus d’un an après la sortie de sa dernière mixtape « Mexico » (18 janvier 2019) qui l’a révélé au grand public et vendue à quasiment 40 000 exemplaires à l’heure actuelle, DA Uzi a livré son premier album « Architecte » le 3 avril dernier. Projet comportant 19 titres, sur lequel on peut retrouver Ninho, Maes, SCH, Mister You et Alonzo. 

Il ne faisait aucun doute que Da Uzi était dans « le four » depuis plusieurs mois. Après avoir balancé « Plus belle la vie » en décembre dernier, fait un passage remarqué sur le planète rap de Maes et clippé « Le Dire » en featuring toujours avec Maes fin février, le rappeur sevranais a officiellement annoncé la sortie de son album début mars. C’est ensuite à travers le puissant morceau « En avance » que DA Uzi a dévoilé la tracklist de son album. Une annonce des plus originales et qui n’est pas sans rappeler le freestyle de Niska pour annoncer Commando, l’annonce de la tracklist de Koba La D pour L’Affranchi à travers Jacques Frantz, la voix française de Robert De Niro, ou encore plus récemment S.Pri Noir pour la présentation à la manière d’un jeu vidéo d’Etat d’Esprit, qui sort le 17 avril.

Précision et diversité

Avant d’aborder le fond de l’album, la forme mérite son coup d’œil. Réalisée par l’inévitable Fifou, qui se cache derrière quasiment toutes les pochettes du rap français, la cover d’Architecte est réglée au millimètre. DA Uzi est à moitié dessiné au sol dans son quartier, à Sevran. Ce dessin reprend les codes de l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci. A la base, cette œuvre datant de l’année 1490 représente, selon l’artiste italien, les proportions idéales parfaites du corps humain. Sur cette cover, le rappeur de 25 ans apparait également entouré de seize personnes qui laissent penser être ses proches. Elles se tiennent sur la ligne représentant le cercle autour du dessin de Leonard de Vinci dont le nombril de l’homme est le centre parfait. Ici, DA Uzi laisserait comprendre que chaque personne qui l’entoure compte autant que les autres. Ses proches reviennent d’ailleurs à plusieurs reprises dans l’album comme dans « Crois-moi » où il lance « J’ai pris des pepettes pour mes frères, pour mama, J’viens d’Sevran, la CP, j’construis mon histoire ». Le morceau « Da Vinci », dernier de l’album, arrive, lui, en conclusion. Il rassemble toutes les idées du projet. De la vente de drogue à la sortie de la pauvreté, tout en passant par la case prison ou l’amour pour sa mère. Tout ce dont est fait son être et qui nous ramène une nouvelle fois à la pochette.

« Faut l’faire fort pour les frères, moi, j’crois en moi comme never »

Connu pour son rap énergique et mélancolique, Davy, de son vrai prénom, fait partie de ceux qui vivent leur art, qui rappent avec leurs tripes et qui transmettent leurs émotions juste de par leur interprétation. Le titre « Architecte » en est l’exemple parfait. Si la mélancolie est toujours bel et bien présente dans ses textes, DA décide également de sortir de sa zone de confort dans cet album en s’aventurant vers d’autres styles de sons. Il montre ainsi qu’il peut maitriser plusieurs genres et qu’il peut poser sur différentes sonorités. Pour se faire, il a pioché parmi la crème de la production française. Dany Synthé (Sapés comme jamais – Gims, Petite Fille – Booba, Afro Trap Part.7 – MHD), Noxious (Putana – Ninho, WLG – Niska), DJ Bellek (On fait pas ça, Gustavo Gaviria – Lacrim, MLC – Niska), Amine Farsi (Dans la ville – DTF feat. NOS), DiCee « The French Kaviar » (Arrêt du cœur – Kalash Criminel), Prime Time, HRNN, Geo On The Track (Interlude – SCH), Yung Pha, Focus Beatz, ProdbyOB et ADR font partie des beatmakers crédités sur cet album. 

A la composition du single d’or « TieksVie » de Damso, Benjay signe de son côté le dansant « Camila », pour Camila Cabello qui représente ici la femme qui accompagnera DA Uzi. « Camila c’est quand j’baraude dans ma tchop. J’me dis : “Il m’faut ma Camila, en fait, à droite” t’as capté ? J’suis dans ma tchop, tac, tac, il m’faudrait bien ma Camila Cabello », s’est expliqué le rappeur du 93 dans son Planète Rap. Producteur de « Comportement » d’Aya Nakamura, « La Débauche » de Naza et d’autres gros titres de ces deux artistes, Christopher Ghenda est, lui, crédité ici sur « Soirées des cités ». Peut-être le morceau le plus étonnant de tout l’album. Cette instrumentale rythmée ramène un peu de joie au projet et nous plonge dans un univers teinté de funk.

Déjà présents sur « Mexico », tout comme Ovaground, Yann Dakta & Rednose sont notamment ceux qui ont produit « Jusqu’au dernier gramme de PNL ». Titre souvent considéré par leurs fans comme le meilleur du duo originaire de Corbeil-Essonnes. Ils ont également composé « Blanka » pour les deux frères du 91. Sur « Architecte », ils se cachent derrière « Le Dire » (ft. Maes), « Plus belle la vie », « Ni amour ni amitié » (ft. SCH) et « En Avance ».

Des invités quatre étoiles

Pour son premier album studio, celui qui s’est fait surnommer Uzi pour son débit de paroles a réussi à réunir de gros noms. Après Kaaris, Sadek et Ninho sur sa dernière mixtape, DA Uzi a une nouvelle fois pu compter sur Ninho, mais également Maes, SCH, Mister You et Alonzo. Un mélange entre nouvelle génération pour les trois premiers et tauliers du game pour les deux derniers. Ils ont respectivement posé sur « Crois-moi », « Le Dire », « Ni amour ni amitié », « Culiacan » et « F.L.P ». 

L’amitié entre DA et NI ne date pas d’hier. Avec « Entre les murs », sorti sur « Mexico », les deux rappeurs ont déjà signé un très bon morceau. A tel point qu’il est le titre le plus streamé de DA Uzi en carrière sur Spotify avec plus de 17,1 millions d’écoutes. Sur « Architecte », les deux rappeurs ont donc remis le couvert avec « Crois-moi ». Publiée en version live par Skyrock, cette collaboration a pris la tête du Top 50 France dès le jour de sa sortie pour compter plus de 735 000 écoutes sur Spotify après deux jours. Une habitude pour Ninho.

Concernant SCH, c’est sans doute la connexion la plus surprenante mais peut-être la plus qualitative de l’album. Le S et DA Uzi se complètent parfaitement dans ce puissant banger. L’artiste sevranais a notamment confié sur un live Instagram de Mehdi Maïzi que les deux rappeurs se sont rencontrés sur le tournage de Rap Jeu, l’émission vedette de la chaine Youtube Red Binks, et que c’est d’ici qu’a découlé le feat.

Ce premier album mérite d’être écouté et est synonyme de réussite pour DA Uzi. Travaillé en profondeur, avec minutie et porté par des featurings solides, ce projet prouve bien que l’artiste de Sevran a passé un nouveau cap, que l’entraînement est terminé et qu’il est prêt à faire son entrée dans la cour des grands. 

Dylan De Abreu