Venu tout droit de Mantes-la-Jolie, Doni M amène une sonorité nouvelle dans le paysage rap francophone, à mi-chemin entre cloud rap et storytelling. Encore en plein développement artistique, il devrait sans nul doute faire parler de lui dans les mois à venir. Il fait partie de notre sélection des 12 rookies à suivre
Salut, est-ce-que tu pourrais te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Je m’appelle Doni M et je viens de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines.
Doni M
Depuis combien de temps est-ce-que tu es dans le rap ?
Depuis plus de 10 ans.
Pourquoi as-tu décidé de devenir rappeur ?
Récemment, il y a deux ans en fait. Une opportunité s’est présentée et ça m’a fait comprendre que je pouvais faire du rap mon métier.
Pour toi, le rap, c’est quoi ?
C’est avant tout une passion, mais je veux en faire un métier. Ça fait quelques temps que je le prends au sérieux, et on avance.
Quelles ont été tes influences ?
Je ne te cache pas qu’il y a pas réellement d’artistes qui m’ont inspiré en particulier. En fait j’ai baigné dans le rap d’avant, Expression Direkt, Lunatic, la Mafia K’1 Fry, j’ai énormément écouté « Ouest Side » aussi. Je suis je suis plus tourné vers les États-Unis en ce moment, Dr. Dre, Future, XXXTentacion, Kendrick Lamar…
Comment est-ce-que tu définirais ton style de rap ?
Je dirais que c’est chill. J’ai pas envie de dire cloud parce que c’est l’étiquette qu’on me colle, mais c’est vrai que c’est ma couleur dominante. Mon rap est assez chill, assez cool, ce que je fais en général c’est pas des gros bangers, pas de la drill ou de la trap.
À quel moment est-ce-que tu as senti que quelque chose se passait autour de toi et de ta musique ?
C’est à travers les réactions des gens, et pas que du public, c’étaient les premières rencontres professionnelles que j’ai pu faire avant de signer. Quand je faisais écouter mes titres on me faisait comprendre qu’il y avait quelque chose à faire. Plus tard quand j’ai eu les retours du public directement, c’est à ce moment-là que j’ai compris que c’était réellement possible, même si j’ai toujours cru en moi !
Donc tu es sérieusement dans le rap depuis environ deux ans, et tu as déjà un beau succès, plusieurs milliers de vues sur YouTube. Tu sens que ton public se créé ?
Oui je ressens vraiment qu’il y a un réel engouement. Je partais de rien, j’avais aucun réseau social, aucun abonné. Quand j’ai signé avec Sony c’était vraiment par la force de mes titres. J’avais zéro buzz, pas de freestyle qui fait des millions de vues, c’est ma musique qui a parlé. Cette signature m’a soulagé parce qu’avant j’étais en indé. Qui dit indépendant dit beaucoup de sacrifices, et depuis que je suis signé en maison de disque ces sacrifices je les ressens moins. Je paye plus mes studios, mes promos, on me branche avec les meilleurs beatmakers, tout est fait pour que je puisse envoyer le meilleur.
Quels sont les retours que tu as à propos de ta musique ?
Beaucoup de retours positifs, comme tout le monde j’ai eu des commentaires défavorables mais ça fait partie du game et ça ne représente même pas 1% des retours. Ça va peut-être paraitre prétentieux mais j’ai l’impression que je n’ai pas la reconnaissance que je mérite. Si tu me demandes si je suis satisfait de mes statistiques, pas du tout… On a eu pas mal de galères, j’ai un parcours atypique, c’est plus compliqué que ce qu’on pense d’être dans le rap. À la base on se fait des films, mais quand on a le nez dedans on se rend compte de la complexité du truc.
Tu as seulement 5 singles de dispos, mais pourtant ton univers est déjà bien calibré. En quoi, selon toi, est-ce-que tu es différent des autres rappeurs ?
Je dirais pas que je suis différent de tous les autres parce que tu peux trouver des similitudes avec d’autres rappeurs. Mais ce qui me rend différent c’est que je viens avec ma couleur à moi, je suis dans mon labo à mélanger des textures, des formules, je tiens vraiment à proposer quelque chose qui ne ressemble à rien d’autre. Je suis un mélange, je fais du cloud mais je suis capable de kicker aussi. J’ai un style rétro et futuriste à la fois. Ça me fait kiffer de pouvoir faire le pont avec des flows d’avant et des sonorités du futur et vice versa.
Ton dernier single en date est « Plus jamais », il est sorti le 29 mai. Tu te livres dans ce morceau, c’était important pour toi de t’ouvrir comme ça à ton public ?
C’est l’idée, c’est une histoire vraie. Pour être honnête avec toi je n’assumais pas trop le morceau, je sais pas si c’est le cas des autres mais moi j’ai besoin d’extérioriser, je prends la musique comme une thérapie. C’est mon entourage qui m’a convaincu de le sortir, je me suis dit qu’on allait voir la réaction des gens et ça m’a vraiment fait plaisir quand j’ai balancé l’extrait de voir tous les retours. Même si je fais beaucoup de storytelling, mon inspiration elle vient de ce que j’ai vécu. Les sons un peu plus intimes c’est plus dur à sortir mais en même temps je dis la vérité dans mes sons. Quand tu charbonnes tu le dis, quand tu fais des trucs bien aussi, alors quand tu as vécu quelque chose avec une meuf il faut le raconter aussi.
Je suis très content parce que y a plein de mecs du quartier qui partagent, plus que les meufs ! À la base je me suis dit que le morceau plairait plus aux meufs mais en fait je reçois de la force des mecs, des gens qui se reconnaissent dans mes paroles. Quand j’ai balancé l’extrait j’ai pris 1500 abonnés en quelques heures, je me suis dit qu’il y avait un truc à faire. Je ne m’étais pas rendu compte d’à quel point les gens aiment te découvrir au travers de ta musique en fait.
Quels sont les thèmes sur lesquels tu préfères rapper ?
Tu vas rire mais je crois que je suis un gars dépressif on dirait. Ce qui m’inspire c’est plus les mauvais feelings, j’aime bien écrire quand je suis énervé ou triste, j’ai plus de mal quand je suis heureux tu vois. Donc je parle beaucoup de ce qui va mal chez moi et dans ma vie, c’est ça qui m’inspire le plus.
Comment est-ce-que tu vois l’évolution de ta carrière ?
J’espère pouvoir annoncer un projet d’ici 2021, le temps que j’aie agrandi ma fanbase. Mais globalement même si demain ça marche, j’ai pas l’intention de faire une longue carrière, je ne me vois pas faire une longue discographie.
Si tu devais faire découvrir ta musique avec un seul son, ce serait lequel ? Et pourquoi ?
« Lion », c’est le morceau qui me représente le plus. Il donne un sentiment de liberté, et la liberté c’est un truc que tu retrouveras dans beaucoup de mes morceaux, mais le morceau qui me représente le plus je dirais que c’est « Lion ». Quand je dis « un lion qui se balade les couilles à l’air libre » c’est vraiment ça, ne pas avoir de compte rendre, je prône la liberté financière en fait, deviens ton propre boss, c’est ça être un lion.
Admettons, tu as un projet 15 titres qui arrive et tu peux choisir trois featurings, ce serait qui ?
Si je dois n’en prendre que trois, c’est dur… Comme ça je dirais Bad Bunny, Boef aussi c’est un rappeur qui kicke en néerlandais que j’aime vraiment bien, et ensuite je dirais Damso.
On peut s’attendre à quoi pour la suite de ta carrière ?
Je suis encore en développement et j’attends d’être bien rodé pour annoncer un album. Mais là on est en train de travailler sur le clip de « Plus jamais », et à côté je prépare des projets pour la rentrée, ça arrive !