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Nos 6 projets marquants du premier semestre 2021

Les six premiers mois de 2021 ont été rythmés par la sortie de plusieurs centaines de projets. Des rookies prometteurs ont crevé l’écran, des outsiders sont devenus patrons, des légendes ont rechaussé les crampons, en bref, le rap français a montré une nouvelle qu’il était en pleine santé. De Marseille à Roubaix, en passant par Vierzon, du 92i au 667, sans oublier la Drill FR, voici six projets qui ont retenu notre attention. 

ZKR – « Dans les mains »

Crédit : Fifou

Dès le 8 janvier, l’année rap en France a pris une belle tournure, grâce à ZKR qui a dévoilé son premier album, « Dans les mains ». Fruit d’années de travail et de dévouement au rap, ce projet apparait pour l’artiste de Roubaix comme une consécration. Il raconte la réalité crue de sa vie, sans artifice, et sans fantasme. 

« Il bosse énormément et il est vraiment bon. La facilité qu’il a à rapper, à rapper bien et à faire du sale, c’est pas donné à tout le monde, en toute objectivité » confie DJ Bellek, qui collabore étroitement avec ZKR depuis plusieurs mois.

Force est de constater que tout semble facile pour lui. Dès l’intro du projet, le ton est donné, et l’enchainement des titres se fait avec un naturel déconcertant. Les featurings, de Koba LaD à PLK, en passant par Leto et Niro, sont tous bienvenus et ne dénaturent pas la proposition initiale de ZKR.

La confirmation a eu lieu fin mai, lorsque « Dans les mains » a été certifié disque d’or, avec plus de 50 000 exemplaires vendus. « On savait qu’on avait le soutien du Nord, mais je ne pouvais pas m’attendre à de tels chiffres. Pour moi, 8 000 en première semaine, ça aurait été un truc de fou. […] Quand on nous annonce 14 000, on se dit putain c’est vraiment lourd, et la suite a été incroyable » se réjouit Bellek. Quelque chose nous dit qu’on a pas fini d’entendre parler de ZKR dans les années à venir. Pour notre plus grand bonheur.

SDM – « OCHO »

Crédit : Frederic de Pontcharra

Avec son premier album, SDM a frappé un grand coup, et s’est déjà imposé comme une figure incontournable du rap français. Entre bangers trap (« Rihanna », « Le bruit des applaudissements », « Appelez les Pim-Pom ») et mélancolie autotunée (« Yakalelo », « 100-OCHO », « Compte sur moi »), il fait étalage de toute sa palette artistique. Le succès critique et populaire a été au rendez-vous, et l’album se rapproche du disque d’or.

De l’aveu de H8MKRZ, qui a produit bon nombre de morceaux pour SDM, ce n’est pas surprenant. « Dès que j’ai écouté, je savais déjà. Ce qu’il se passe là, ça ne me surprend pas du tout. Il est très bien entouré, il est super fort, c’est normal qu’il en soit là ! » affirme-t-il. 

Avec Booba, Fally Ipupa, Bramsito ou PLK, SDM s’en donne à cœur joie dans un premier projet coup de tonnerre. « Il dit souvent « regardez plus le ciel, ça viendra d’en bas. » On peut pas mieux résumer ma pensée, SDM a tout pour devenir un très, très grand artiste » conclut H8MKRZ. On aurait pas su dire mieux.

Norsacce Berlusconi – « Marathon »

Depuis 2017, Norsacce s’est affirmé auprès des amateurs de découpage, mais est toujours resté en retrait par rapport à d’autres membres du 667. Avec sa troisième mixtape, intitulée « Marathon », il a réellement franchi un cap. Il aiguise ses flows sur les prods sanglantes de Congo Bill et de Flem, et croise le fer avec des artistes aussi différents que Captaine Roshi, Freeze Corleone ou le londonien Double Cup Kase, sans sourciller. 

À l’image du rap de Norsacce, cette mixtape est nette et précise, sans bavure. L’ambiance reste pesante pendant 45 minutes, de l’« Intro Marathon » à l’incroyable « Wayans » qui sert d’outro au projet. Malgré cette uniformité, l’écoute n’est pas lassante, tant la démonstration technique est jouissive.

On sent même, dans des morceaux comme « Pirates » – sur lequel on retrouve Aketo -, qu’une ouverture est possible, même si on est encore très loin d’une topline légère et dansante. Encore sous les radars du grand public, il y a fort à parier que Norsacce se sente bien dans l’ombre, là où il est l’un des maitres de la Ligue.

Josman – « MYSTR J.O.$. »

Crédit : Helmi

Avec l’évolution de la consommation musicale, il semble évident que l’EP deviendra le format de référence dans les années à venir. Des projets comme « MYSTR J.O.$. » tendent à confirmer cette idée. Annoncé par surprise, ce projet produit en grande majorité par MYSTR, le frère de Josman, a eu l’effet d’une petite bombe. Dans un mood sombre, le rappeur de Vierzon ne laisse aucune place au hasard. 

En un peu plus de 20 minutes, Josman fait ce qu’il sait faire de mieux. D’un rythme lancinant dans un morceau comme « Goal » à l’explosion de flows et de punchlines de « F****d Up 4 », en incluant même des morceaux doux-amers comme « Doré », tout l’univers du rappeur est dépeint. L’EP « HHHH », sorti au début de l’été, conviendra peut-être mieux à ceux qui préfèrent le Josman léger et festif. Ceci dit, « MYSTR J.O.$. » est un beau tour de force, qui s’est écoulé à près de 3 500 exemplaires en une semaine.

SCH – « JVLIVS II »

Crédit : Fifou

Vous n’avez pas pu passer à-côté de l’ouragan « JVLIVS II ». Disque d’or en quatre jours, streamé plus de 68 millions de fois en une semaine, disque de platine en moins d’un mois, les chiffres donnent le tournis. Avec cet album, SCH a assis sa domination sur le rap en France, en en devenant l’une des figures moteur. La justesse des textes, des flows, et du storytelling du rappeur d’Aubagne transcendent les auditeurs.

Fifou, qui a shooté la sublime cover du projet, abonde dans ce sens. « SCH a réussi à adapter le Tome II à un plus grand public, à l’ouvrir. Au niveau de la musicalité, des thèmes abordés, c’est un excellent mélange. »

Comme pour « JVLIVS I », un effort considérable a été fait sur l’aspect cinématographique de l’œuvre, qui se veut être plus qu’un simple album de rap. « Avec le S, l’idée c’est d’expérimenter de nouvelles choses et de nouvelles couleurs à chaque fois » explique Fifou.

L’évolution entre les Tomes I et II se voit, tant au niveau de l’image que de la musique. SCH semble plus affirmé, mais aussi plus en paix avec lui-même. « JVLIVS II » est un incontournable de 2021, et peut-être même un incontournable du rap français, tout court. « Depuis qu’il est arrivé dans le game, on l’a tous senti, qu’il avait une aura de star » raconte Fifou.

Aujourd’hui, SCH est une superstar. Il le mérite.

Gazo – « Drill FR »

Crédit : Fifou

En quelques mois, Gazo est devenu le fer de lance de la drill française, tant et si bien qu’il a nommé son premier projet « Drill FR ». Sans jamais dénaturer sa recette, il s’est ouvert les portes du mainstream avec des morceaux comme « Haine&Sex » ou « Drill FR 5 » en featuring avec Hamza. Il exporte même sa musique au-delà de nos frontières, en allant se frotter aux britanniques Unknown T et Pa Salieu, mais aussi au taulier allemand Luciano.

En rendant hommage aux codes de la drill de Brooklyn et du regretté Pop Smoke, et en les adaptant aux sonorités françaises, Gazo est parvenu à créer une recette explosive. Le public a complètement adhéré au mouvement, et « Drill FR » est largement disque d’or, avec près de 75 000 ventes.

À l’image de sa musique, la direction artistique du rappeur est faussement bling-bling. Malgré les bijoux et l’egotrip inhérents à son personnage, Gazo se présente au naturel au public. « C’est une cover très simple finalement, mais on avait besoin de ça, pour voir son visage, et cette folie qu’il peut avoir, en ouvrant grand la bouche avec ses diamants qui brillent de mille feux » explique Fifou, qui a réalisé la pochette de « Drill FR ».

Une mixtape coup de poing, facilement abordable mais pas simpliste, qui pose les bases d’une carrière à grande vitesse. 

Dorian Lacour