Révélé aux yeux du grand public en 2019 sur l’album « C’est pas des LOL » de Jul, Gips a depuis fait son petit bout de chemin. Deux ans après la sortie de son premier album « Le monde est à nous » le natif de Tourcoing revient avec son second opus : « Passager 59 ».
Cover : Gips – Passager 59 (© Bastienne)
Pour l’occasion, nous l’avons rencontré afin de discuter de sa musique, de son 5.9, de sa vision du monde ou bien de l’essor du rap dans le nord de la France.
Journaliste (Tancrède) : Gips comment ça va ?
Gips : Ça va nickel et toi ?
Dans quel état d’esprit tu es à l’approche de la sortie de ton deuxième album « Passager 59 » ?
Je suis bien, je suis confiant. Je suis content de l’album que j’ai fait. Mon objectif c’est de faire mieux que le premier album. Je ne calcule pas trop les ventes, je veux juste faire ma musique. Je suis déjà passé à autre chose, je fais des nouveaux sons pour un autre truc (rires). Après on va faire la promo, faire ce qu’il faut pour le vendre hein !
(© Bastienne)
Quelles sont tes attentes pour cet album ?
Faire mieux que le précédent, viser plus de gens. J’ai fait un album avec des styles très différents.
Ton album s’appelle « Passager 59 », quelle place tient ton département dans ta vie personnelle et professionnelle ?
Beaucoup de choses ! La musique dans le nord ça date pas d’il y a longtemps, c’est important de représenter d’où on vient, d’ouvrir des portes aux plus jeunes parce que chez nous c’est dur… Après t’es obligé, je viens de là-bas, tous les rappeurs représentent leurs villes. Pour moi tu ne peux pas renier cette chose-là. D’une manière ou d’une autre c’est ancré dans ma musique.
Maintenant dans le rap tu as de plus en plus de rappeurs qui viennent du Nord, notamment ZKR, BEN PLG, Osirus Jack… quelle est ta vision de cette scène ?
Ça tue, au moins les gens vont voir que il n’y a pas qu’à Marseille et Paris que ça rappe. Déjà Gradur a bien exposé, ZKR pareil, il faut laisser le temps au temps, peut-être que dans 5 ans on entendra encore plus parler de nous…
Il y a des rappeurs du Nord que tu suis ?
Oui, il y en a plein ! T’as Nordin, BFT, je connais un petit super fort Y2O… je l’appelle le Damso tourquennois tellement il est fort ! Il y a aussi Imed Zee qui arrive fort. J’aime bien écouter des mecs pas trop connus, ça m’intéresse plus.
Sur l’album on compte 4 collaborations : ZKR, Zbig, Osirus Jack et l’italien Voleur PNZ, comment tu les as choisis ?
ZKR on est pote, c’était prévu depuis le premier album déjà.
Osirus Jack j’ai toujours aimé ce qu’il fait, on se connaissait pas mais un jour il m’a dédicacé dans son projet, je l’ai remercié, et on a discuté. Même si c’est un style différent, je me suis dit qu’on pouvait faire un truc ensemble et ça a marché, les gens ont kiffé.
Zbig c’est un bon pote à moi de Marseille, je voulais un mec du sud donc je l’ai ramené.
Voleur PNZ à la base il m’avait demandé pour faire un son ensemble et je te cache pas que j’avais pas calculé, je me sentais pas de faire un truc avec un italien, et un jour je suis tombé sur un morceau à lui j’ai kiffé, je lui ai dit je pose un couplet dessus et on le met dans mon album !
Voleur PNZ c’est toi en italien !
Ahah lui c’est moi en français (rires). C’est le même style, c’est le sud, c’est la type Jul. Il y en a de plus en plus en Europe, tu vas en Italie, en Espagne, en Hollande, c’est partout !
Le grand public t’a connu sur « C’est pas des LOL », est-ce que ça ne t’a pas mis trop de pression ?
Non je ne me mets jamais de pression. J’ai commencé la musique tôt mais plus sérieusement j’ai commencé à 27 ans, les gens m’ont encouragé, ils m’ont dit ça tue. J’ai envoyé 2, 3 clips jusqu’à atterrir avec Jul… ça c’était fou ! Jamais de ma vie je m’y attendais ! Pour moi si je faisais un feat avec Jul j’avais réussi dans la musique, et au final j’en ai fait dix (rires). Je me suis retrouvé dans son label, mais pour moi ça a toujours été un truc qui va s’arrêter tôt ou tard.
Sur « Putain Z**** » tu as des phases très drôles, c’est important pour toi d’être second degré dans tes textes ?
C’est ma manière d’être ! Même si je rappe egotrip il y aura toujours des phases un peu drôles. Sur cet album je l’ai beaucoup moins fait, je suis plus sérieux. « Putain Z**** » c’est drôle mais à partir d’un moment ça te fait pas plus avancer que ça.
Sur l’album, en parallèle des morceaux plus festifs, il y a des titres purement egotrip comme « Hustler » ou « Mocro Maffia », c’est quoi le registre dans lequel tu te sens le mieux ?
Dans le rap ! Je reste à la source, il y a rien de tel. Avec des phrases qui choquent les gens ça tue ! J’aime bien bosser sur différentes prods, si le style me plait je fais, je ne me mets pas de barrières. Je pense qu’il faut tenter des choses, même si tu te casses la gueule c’est pas grave.
Justement sur « Passager 59 » il y a des sonorités ultra-originales comme avec « Paris la Night » ou « Marijuana », comment tu t’inspire musicalement parlant ?
Je suis bien entouré par les beatmakers, je bosse avec Zeg P le magicien de la prod. Je demande beaucoup de prods, si tu me fais un bon truc je le fais. Souvent je le sens quand ça va le faire.
Comment tu travailles ? En studio ? Chez toi ? Dehors ?
En général je vais en studio avec les sons. J’ai fait un studio chez moi donc des fois je fais des maquettes. J’aime bien aller en studio avec 3, 4 sons déjà faits histoire de pas dormir… le studio ça coute cher (rires). Quand j’étais jeune j’allais au studio, 25€ de l’heure, tu fais trois/quatre heures pour un morceau ça chiffre ! Après le fait d’avoir été avec Jul qui est un gros bosseur j’ai pris un rythme. Quand je suis déter, je peux te faire 3, 4 morceaux en une journée et des fois je vais rien faire pendant plusieurs semaines.
Il y a quelque chose qui m’a marqué dans le projet, c’est que tu as des textes très biens référencés, comment tu t’inspire pour écrire ?
Ça vient comme ça, mes pensées, mes idées. J’écoute une prod ça vient tout seul.
Dans la vie de tous les jours, il y a des trucs qui te marquent ?
Le monde en général, il est de plus en plus triste. Bien évidemment je parle beaucoup de mes enfants, mais ce qui me choque le plus c’est le monde dans lequel on vit, les réseaux sociaux ça a tout bousillé, moi je l’utilise pour mon travail mais si je peux tout supprimer je le fais sans hésiter. Il y a des choses qui se sont banalisées c’est triste… Et la musique il faut l’utiliser à bon escient, c’est pour ça que j’essaie de véhiculer des bonnes choses dans ma musique, il faut essayer de pousser les gens dans le bien.
Avec « Passager 59 » on voit une continuité avec le premier album, les deux titres peuvent être vus comme une suite, le train qui t’amène vers le monde que tu veux conquérir…
Les gens de chez moi savent ce que c’est que ce train ! T’es obligé de prendre ce train pour quitter ta zone, je le prend souvent pour aller à Marseille, à Paris, faire mes affaires… Tu peux aussi l’imager en mode tu prends le train pour t’évader…
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
Bonheur et santé, c’est déjà bien (rires). Après niveau travail, c’est de s’améliorer, de faire mieux à chaque fois, d’innover, de bosser dur… Là je vais vendre cet album comme il le faut, je suis déjà sur la suite, j’espère sortir un EP en septembre ou fin d’année…
Merci à toi Gips, on te souhaite toute cette réussite !
Merci, grosse force à vous, ça tue !
Écoute « Passager 59 » de Gips sur toutes les plateformes de streaming.
Interview : Tancrède