Rim’K est dans le rap depuis plus de 25 ans, et contrairement à beaucoup de rappeurs, il a su se réinventer pour toujours rester au devant de l’affiche. Son évolution se poursuit avec l’EP « Midnight », sorti ce vendredi.

Quand on écoute pour la première fois l’EP « Midnight » de Rim’K, on est assez stupéfait. Avec son dernier projet, Rim’K se place complètement dans l’air du temps. Il pose sur des prods trap efficaces ou sur des beats tendant plus vers la pop urbaine, toujours avec brio. Le rappeur de Vitry-sur-Seine montre une superbe adaptabilité, et sert un projet court – 5 titres – mais extrêmement dense. Il aborde toujours les thèmes qui lui sont chers, de l’amour au trafic de stupéfiants, sans que cela ne paraisse redondant. Rim’K s’est très bien entouré sur ce projet.
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Cover (© Fifou)

Il a fait appel à des producteurs de renom avec qui il a l’habitude de travailler. On pense à Hades, le beatmaker qui collabore avec Rim’K depuis « Monster » (2016). « J’arrive bien à le cerner, ça fait un bon bout de temps qu’on travaille ensemble, on se comprend musicalement » témoigne le producteur. En effet, cela se sent, Rim’K est à l’aise sur le beat et il fait étalage de tout son talent. Sans trop toucher à son flow signature, il laisse – plus qu’avant – place à l’autotune et se retrouve presque à chanter sur certains titres. Cela n’a rien de choquant, il a pris depuis quelques années ce virage mélodieux qui est aujourd’hui ancré en lui. On s’est habitués à entendre le MC du 94 chantonner, alors qu’on avait pourtant l’habitude d’entendre sa voix rocailleuse découper l’instrumentale. Un tour de force réussi.

Un hit pop dans un album rap

« Rose rouge » est un parfait exemple de l’évolution de Rim’K. Il s’agit d’un featuring avec Dadju et c’est certainement le morceau qui ressemble le moins à ce qu’on peut attendre du rappeur. Sur une prod très douce et mélodique, œuvre conjointe de Beni Bass et Hades, Dadju laisse sa voix virevolter dans une pop urbaine des plus efficaces dont il a le secret. Mais voilà, ce qui est surprenant est la prestation de Rim’K. En plus de deux couplets rappés où l’autotune s’immisce discrètement, il fournit une partie du refrain, dans un registre complètement pop, se mettant – presque – au niveau de Dadju dans ce qu’il fait de mieux.

« C’est le truc le plus différent de ce qu’on fait d’habitude, c’est beau, c’est brillant, c’est frais, ça change » témoigne Hades, estimant que même si sur un EP 5 titres tous les sons sont des hits, « Rose rouge » se détache vraiment. Ça ne nous étonnerait pas si ce titre sortait même du cercle du rap et était diffusé en radio généraliste ou en télé, pour peu qu’un clip l’accompagne. Les prods sont d’ailleurs très variées, et Hades l’explique en disant que « c’est juste qu’on voulait donner une image à cet EP, […] changer un peu la musique ensemble ».

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Des featurings 5 étoiles

Justement, en plus de Dadju, Rim’K a invité la fine fleur du rap francophone sur son projet. On retrouve Koba LaD et SCH dans « Valise », qui a servi de single de lancement à l’EP. Sur une prod très sombre et trap de Guilty & DJ Ritmin, les trois artistes se passent la balle en fournissant tous un excellent couplet. L’apport de Koba LaD, sur le refrain et sur son couplet, est de très bonne qualité. Il donne un aspect unique à la musique. Le couplet de SCH est une frappe millimétrée, comme à son habitude le marseillais découpe le beat. Face à cela, Rim’K fait plus que tenir tête et envoie un premier couplet énervé qui met l’auditeur dans l’ambiance.

On retrouve également Hamza sur « Nuit blanche ». Le titre, composé lui aussi par Hades, propose une trap aux sonorités orientales, qui permet aux deux artistes de laisser parler leur art. Rim’K pose sa grosse voix sur l’instru, alors que la vibe de Hamza apporte de la douceur. On se retrouve avec un pur morceau de trap, assez inattendu, mais qui fonctionne très bien. Sur les deux seuls solos de l’album,

« Midnight » et « Rodeo », Rim’K propose un rap qui lui est propre. Ces deux titres sont peut-être un peu plus discrets que les trois autres, étant donné l’apport des featutings, mais ils restent de très bonne facture.

Rim’K ou la course contre le temps

Même si ce ne sont que 5 titres, et qu’on aurait aimé en avoir le triple, on peut difficilement être déçus par « Midnight ». Individuellement, chaque titre a le potentiel pour devenir un hit. Rim’K maîtrise complètement son rap, il sait ce qu’il est capable de faire et tente même des choses un peu plus risquées. Les invités sont tous de grande qualité, ils apportent une couleur unique à l’album, chacun dans leur registre. Les prods très variées évitent à l’EP d’être répétitif. C’est quasiment un sans-faute pour Rim’K.

Fifou)

Rien ne nous permet de l’affirmer, mais on serait prêts à parier que « Midnight » n’est en fait que la première partie d’un album qui sortira sous formes d’EPs. On reste dans l’attente, réellement ravis par l’écoute de « Midnight », qui montre mine de rien tout le cheminement parcouru dans le rap par Rim’K. Comme il le dit lui- même dans « Nuit blanche », « l’prochain qui m’appelle l’ancien, j’vais lui dévisser la tête ». Le message est clair, Rim’K est complètement dans son époque. Il n’a pas le temps de se reposer sur sa gloire passée, trop occupé à construire celle de demain.

 

Dorian Lacour