La progression de PLK est fulgurante, en quelques années il est devenu une figure incontournable du rap français. Son deuxième album, « Enna », qui arrive environ un an après la détonante mixtape « Mental » se devait donc de répondre aux attentes de ses fans. En s’entourant des meilleurs, l’ancien du Panama Bende a mis toutes les chances de son côté pour ne pas décevoir. Alors, opération réussie ?
L’annonce de cet album avait suscité la crainte chez certains auditeurs. Les featurings sont somme toute assez évidents, la longueur du projet – presque une heure ! – ne laissait elle non plus rien présager de bon, en bref tout semblait réuni pour que PLK se brûle les ailes avec son deuxième album.
Et pourtant, il n’en est rien, « Enna » touche en plein dans le mille.
Cover : PLK – Enna (© Fifou)
Le projet débute par le single « Bénef », produit par Geromino Beats qui s’est fait connaitre en collaborant avec Mister V et qui était déjà derrière le superbe morceau « Ma génération » sur la mixtape « Mental ». Dans ce titre d’introduction, le rappeur ne mâche pas ses mots vis-à-vis de Sony Music France, qui lui aurait refusé une avance de 8 000€ et qui a conduit à sa signature chez Panenka Music, le label de Fonky Flav’.
PLK reste fidèle à une formule qui a déjà marché pour lui. Il alterne entre des morceaux kickés remplis de punchlines qui ne manqueront pas de décrocher un sourire aux fans et des morceaux plus légers à grand renfort d’autotune. On peut regretter l’absence d’un véritable hit raz-de-marée comme avaient pu l’être « Problèmes », « Un peu de haine » ou même dans une moindre mesure « Monégasque », mais à n’en pas douter cet album est bien plus équilibré.
À 23 ans, PLK semble être arrivé à maturité dans sa carrière, aucun morceau n’est réellement moins bon que les autres, mais réciproquement aucun morceau ne se détache réellement. De toute manière, il n’a pas besoin d’un single de diamant pour fidéliser son audience, comme en témoigne son formidable démarrage à 34 739 ventes en première semaine.
PLK vend 34 739 exemplaires en première semaine avec son album « ENNA » ! pic.twitter.com/rOgLwd0oc7
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Le « jeune polak dans l’bloc » est devenu grand
Se concentrer sur les chiffres pour parler de musique est évidemment réducteur, mais on peut ici tirer une conclusion : PLK est bel et bien dans la cour des grands. En effet, cette année, seuls les mastodontes Jul, Ninho et Maes ont fait mieux que lui en première semaine.
???? Le classement des 10 meilleures premières semaines en 2020 ! pic.twitter.com/22qUYZge03
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Il se permet même de tirer son épingle du jeu dans une rentrée musicale chargée où il se trouvait en concurrence avec « 100 visages » de Leto, dont vous pouvez lire la chronique ici. Ce chiffre s’explique par la consolidation minutieuse d’une fanbase dévouée qui a suivi le rappeur dans sa carrière, depuis les premiers pas hésitants en solo sur « Peur de me tromper ».
Le succès de PLK est aussi une preuve que l’hyper-productivité paye plus que jamais aujourd’hui, car s’il ne s’agit que de son deuxième album, « Enna » est en réalité le septième projet du rappeur en seulement cinq ans.
Redoublant d’inventivité dans la comm’ et s’entourant de l’élite des beatmakers (Junior Alaprod, Eazy Dew, Rudynovski, Dee Eye…), l’artiste de Clamart propose un album plus que réussi et très homogène.
Ce n’est pas sans rappeler « Mr Sal » de Niska – qui est d’ailleurs invité en featuring sur le morceau « On sait jamais » -, un album d’une telle homogénéité qu’on sent que l’artiste a atteint le paroxysme de son art à l’instant T.
Dans l’ensemble « Enna » est un album de très bonne facture, sans réelle prise de risque mais qui parviendra sans trop de peine à satisfaire ses auditeurs. Encore mieux, ce projet semble bien être celui qui va permettre à PLK de franchir un nouveau cap et de réellement devenir un rappeur « grand public ». Entre morceaux introspectifs (« Au fond d’ma tête », « Mamie », « Pourtant ») et plongées egotrip (« Alleluia », « Bénef »), le rappeur fait étalage de sa panoplie, et il tente même parfois de sortir de sa zone de confort.
Par exemple, le morceau « 3 en 1 » détonne avec ses trois prods différentes respectivement composées par Mehsah, Pinkman et Shabz. Cela permet à PLK de montrer sur un seul morceau trois aspects de son rap.
Des invités de luxe et une belle note finale
Les featurings font également tous le boulot. Niska amène toute son énergie dans ses pré-refrains et dans son couplet, même si le son n’est pas le plus mémorable de l’album. La présence de Rim’K sur le morceau « Toutes générations » en ravira plus d’un. La connexion entre les deux rappeurs est superbe et les amoureux de rap auront tous souri en attendant le tonton du rap français reprendre le début de son couplet mémorable de « Pour ceux » (un morceau d’ailleurs sorti en 2002, alors que PLK n’avait pas encore cinq ans !).
Hamza imprègne « Pilote » de sa vibe d’outre-Atlantique, sur une prod. signée Dee Mad qui sublime le couplet du Sauce God, sans toutefois éclipser PLK qui offre un refrain terriblement entêtant.
Enfin, la connexion la plus détonante est sûrement celle avec Heuss L’enfoiré. Sur un beat des prodigieux Zeg P et Junior Alaprod, les deux rappeurs se retrouvent à merveille, en en plaçant en plus une pour Jimmy Sax, remplacé cette fois par l’influenceur Walid Sax. Résultat : un morceau dansant voire même presque disco, et un potentiel hit si jamais un clip venait à paraitre.
L’album se termine sur le morceau « Terrible », qui parvient à donner un soubresaut final à un projet très long. Le beat de Junior Alaprod – encore lui – permet au rappeur une envolée autotunée sur les refrains avant de servir un découpage dans les règles de l’art sur les couplets. Une superbe note finale pour un album globalement réussi, qui ne présente pas de réelle faiblesse et qui parvient à ne pas être lassant.
Après un disque d’or (« Platinum ») et deux disques de platine (« Polak » et « Mental »), PLK ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il devra veiller à ne pas payer son hyperactivité et parvenir à se renouveler suffisamment pour conserver l’intérêt du public pour les prochains projets, mais avec « Enna » la mission est plus que remplie.
Celui qui voulait multiplier son capital par trois dans le morceau « Fin de mois » en 2017 a semble-t-il réussi avec brio ce qu’il a entrepris il y a quelques années. Très bien entouré et sûr de son rap, il a les clés en main pour que l’avenir soit à lui. Mais laissons-lui déjà le temps de profiter du présent.
Écouter l’album « ENNA » de PLK sur toutes les plateformes de streaming.
Retrouve PLK dans nos playlists « Kichta », « La frappe » & « Coups de coeur ».