Nous avons rencontré Uzi à l’occasion de la sortie de son deuxième album « Meilleur qu’Hier » le 24 juin. Un entretien intéressant pour comprendre un peu mieux le tableau d’un parcours dans une industrie musicale semée d’embuches. Ensemble, nous sommes revenus sur ses débuts, ses influences, sa vision du business et bien d’autres sujets. 

Journaliste (Youcef) : Uzi, comment ça va ? 

Uzi : Ça va et toi Youss ? 

Ça va super, merci. Ton album Meilleur qu’Hier vient de sortir, tu es dans quel état d’esprit à l’heure actuelle ? 

Je suis dans un bon état d’esprit. Je suis soulagé qu’il soit enfin sorti, j’ai eu des bons retours du public et des médias. L’album est bon, les gens sont contents de voir que j’ai fait des featurings sur celui-ci. 

Que retiens-tu de l’album Cœur abimé et qu’est-ce que tu t’es dis en allant au studio pour ce deuxième projet ? 

J’avais déjà eu des très bons retours sur le premier sans featurings. Je suis parti en studio avec l’optique de faire mieux, de redoubler d’efforts et faire un album plus complet que le premier. 

Tu penses avoir fait mieux ? 

D’après les retours, oui et ça fait plaisir. Les gens me disent que celui là est mieux, plus mature et réfléchi. Mieux écrit, on ressent bien les choses à travers ce que tu veux dire. Ils comprennent dans quelle trajectoire j’ai voulu les emmener. 

Comment tu as crée cet album de A à Z ? 

Il y a eu des séminaires, et en même temps des studios à droite à gauche. On avait déjà le titre en séminaire. On savait la trajectoire qu’on allait prendre. 

Meilleur qu’hier dans quel sens ? 

Dans tout. J’ai voulu montrer aux gens cette évolution. Déjà, j’aime pas la starification. Je trouve que c’est comme un défaut de fabrication. 

C’est-à-dire ? 

C’est comme si j’étais devenu quelqu’un d’autre. Je suis une personne très simple à la base. La notoriété me fait bizarre. 

Uzi – Meilleur qu’hier

Tu penses pas qu’il faille s’y attendre si l’on veut que ça marche ? 

C’est vrai, mais c’est arrivé trop vite. Personne n’est réellement préparé à ça. Tu comprends ce que tu vis à partit du moment où tu es dedans, mais les gens ne le comprennent pas. Ils ne ressentent pas les choses que tu dis forcément comme toi car certains aspects restent en off. Ce qui reste en off est beaucoup plus compliqué à certains niveaux. Passer de la rue au rap, c’est un truc de fou. 

Je pense qu’à partir du moment où tu es exposé, la compassion des gens disparait. Tu n’as plus le droit d’être triste ou contrarié. Qu’en penses-tu ? 

C’est exactement ça, tout le monde croit que tu es un robot. Les gens oublient que tu es un humain. Il y a des moments ou ça va pas, des moments ou ça va mieux. Quand ça ne va pas, tout le monde veut que ça aille et quand ça va tout le monde veut que ça n’aille pas. Il y a des choses que je comprends mieux aujourd’hui, comme l’anonymat par exemple. Tu as aussi une responsabilité sur le dos, celle de ta famille et de tes proches que tu représentes. Tu dois être droit aux yeux des gens. 

C’est quoi ton premier contact avec la musique en tant qu’auditeur ? 

La musique du pays déjà, ensuite j’ai des grands frères qui écoutaient Booba, Mafia K’1 Fry, Corneille… C’est des trucs qui m’ont bercé. J’ai grandi dans l’urbain. Alicia Keys, 50 Cent, ça écoutaient ça à la maison !

Et en tant qu’artiste ? 

La première fois que je suis allé en studio j’étais mort de rire. Tout le monde rappe moi aussi je peux. Je vais raconter mon histoire là-bas. J’ai posé, je suis revenu et j’ai refait des sons et clipper le lendemain. J’avais 14-15 ans. 

Uzi – © Fifou

Tu as eu des influences ? 

Il y a déjà eu Djadja et Dinaz qui m’ont influencé parce qu’on vient du même coin. Il y a d’autres artistes mais je pourrais pas te citer de nom tellement c’est naturel.

Avec la surconsommation et la sur proposition musicale aujourd’hui, vous ne vous etes pas dit qu’un album de 17 titres pouvait être légèrement long pour le public ? 

C’est vrai, mais il y a un moment ou lorsque tu fais de la musique, tu n’es plus objectif. Chaque son qu’on enlève, ça fait mal. On s’est dit qu’on allait en mettre 17. Je voulais en retirer mais après sur la fin on s’est dit tranquille. Mais je me dis que si ça prend pas, ce sera une erreur dans le parcours et les erreurs nous permettent d’évoluer. 

Quand est-ce que tu as commencé à voir la musique comme un travail ? 

C’est à partir des premiers contrats, de la paperasse, de l’administration. Je dois faire des rendez vous tous les jours, signer des choses, j’ai une équipe autour de moi, je vis de la musique…

Justement, je vois chez toi cette envie de te renseigner sur les domaines que tu ne connais pas et dont tu es obligé d’approcher. Tu ne penses pas qu’a un moment donné, il faille étudier l’industrie pour en connaitre les rouages ? 

C’est exactement ça. Tout le monde me dit « frero tu dois pas comprendre » mais non. Moi j’aime bien savoir ce que je fais, où je mets les pieds, à quoi je m’engage avec qui et pourquoi. Les autres ont compris comment ça se passe, pourquoi pas moi ? 

Comment s’est faite la connexion avec Soolking ? C’était comment en studio ? 

Soolking c’est un génie de fou. À la base je faisais un titre avec Lynda. J’ai vu l’équipe de Soolking, Hyperfocal c’est la famille. Je leur ai dit que je le voulais sur l’album, ils m’ont donné son WhatsApp. Ça s’est fait naturellement. 

Tu as une anecdote sur le titre avec Booba ? 

Booba, on se parle c’est archi fluide. J’ai vu le gars dans les yeux, on a discuté. On commence à rentrer dans le circuit, il a fini le jeu. Normal, il faut que j’en tire quelque chose. J’en ai tiré du positif, il donne des conseils précieux. Il aime bien se sentir écouté, et venir te dire « T’as vu j’suis pas un fou ». Il le fait sans calcul. 

Tu dirais quoi au Uzi d’avant tout ça ? 

Mon gars t’es pas prêt, fait attention. Reste lucide, carré, il y a beaucoup de gens mal intentionnés, accroche toi mon gars, c’est que le début. Quand le parcours est semé d’embuches, c’est souvent un beau parcours. 

 

Écouter « Meilleur qu’hier » d’Uzi sur toutes les plateformes de streaming.

Youcef