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Un an et demi après son dernier projet, J.O.$, Josman a fait son retour avec « Split » le 6 mars. Son album était très attendu, a-t-il répondu présent ?
Josman a beaucoup changé ces dernières années. Il a désormais une grosse fanbase et des morceaux comme « J’aime bien! » l’ont associé à un certain style de rap. Ses thèmes de prédilection se retrouvent donc dans son dernier projet, parmi lesquels la weed et les femmes. Sa patte reste inchangée, et il offre un album très mélodieux, bien aidé par Eazy Dew qui a produit la quasi-intégralité du projet. Sans plonger dans un rap trop chanté (qui séduirait certainement une partie de son auditoire), Josman conserve son flow désabusé et ses rimes toujours efficaces.
On sent que cet album a mis du temps à se construire. Rien n’est laissé au hasard. L’album compte 23 titres, en référence aux 23 personnalités du héros du film « Split » de M. Night Shyamalan. Pour construire une ambiance, chaque son est placé dans l’album d’une façon bien précise. Pour faire simple, Josman se penche sur diverses thématiques qui lui sont chères (la solitude, les relations avec les femmes, la nécessité de travailler…) en entrecoupant le tout d’odes au cannabis (« Petite Bulle », « Illégale », « J’allume »). Comme pour se donner une bouffée d’air frais, s’échapper d’un monde terne, Josman s’échappe dans la fumée. Tout est réfléchi, et même les titres aux sonorités un peu plus inattendues comme « Je Sais » ou « Dégaine » en featuring avec Chily donnent une cohérence au tout.
Josman s’ouvre aux autres
Longtemps Josman a refusé les featurings. Plus exactement, comme il l’a dit au micro de Konbini, il ne faisait pas de featurings « parce qu’il n’en avait pas l’occasion » plus que parce qu’il n’en avait pas envie. Toujours est-il que cette fois, Josman s’est ouvert aux collaborations. Et le résultat est très bon. « Bruce Wayne » en featuring avec Zed de 13 Block est un véritable banger qui apporte une fraicheur et du renouveau dans l’album. Les autres collaborations sont efficaces et pensées pour séduire l’auditeur. « B!tch » en collaboration avec Hamza est une réussite, entrée directement au Top 50 Spotify France. Les auditeurs ne s’y trompent pas.
Le line-up de l’album est de très grande qualité. La collaboration avec Seth Gueko amène beaucoup de rage et le couplet du Professeur punchline reste en tête. Dégaine avec Chily est un véritable OVNI, hors du style habituel de Josman, mais qui marche terriblement bien. La cohérence du projet est renforcée par les featurings, et ça montre là aussi un choix judicieux de Josman qui propose un album mûrement réfléchi.
Une véritable patte graphique
Une des grandes forces de « Split » est son image. Le clip de « Bambi », single terriblement efficace réalisé par Marius Gonzales, le représente assez bien. Perdu dans un bois en compagnie d’un cerf, l’artiste montre son amour pour le septième art. On sait que l’image est chère à Josman, et la qualité (presque cinématographique) de ses clips ne cesse de le prouver. Ainsi, Josman a introduit son album avec la publication du « mini film » de J’allume qui compte déjà plus de 360 000 vues sur YouTube.
Une autre force de cet album est la qualité de ses singles. Teasé au travers de 5 sons, Split s’annonçait comme un projet absolument exceptionnel. Entre les excellents « Factice » et « Feu.Bi », le très original « Bambi » (produit par Josman lui-même) et les hits « J’allume » et « Petite Bulle », les singles de cet album sont réellement excellents. Le reste de l’album est logiquement un peu en-dessous, mais il n’a pas à rougir. On voit déjà certains titres tirer leur épingle du jeu (Bruce Wayne, Larmes de Sel…), et la profusion de musique souhaitée par Josman est très habilement illuminée par ces singles.
Alors que penser de Split ?
On peut se le dire, ce projet ne sera pas parmi les albums les plus marquants de 2020. De toute manière, le schéma choisi par Josman correspond parfaitement à la tendance musicale actuelle. Rares sont les albums qui se maintiennent – en intégralité – au top des charts pendant un long moment. L’industrie musicale est aujourd’hui construite sur le single. Josman semble l’avoir compris, en proposant une profusion d’extraits de très bonne facture pour teaser son projet. C’est là une nouvelle preuve de la longue réflexion ayant menée à « Split ».
On sent réellement une volonté de construire un univers avec des thèmes qui sont chers au rappeur. Les productions sont de très grande qualité, et Eazy Dew montre sa polyvalence en passant des rythmiques presque afro (« Je Sais ») à des sonorités très cloud (« À notre âge »). Josman parvient à donner une grande musicalité au tout, proposant un album agréable à l’écoute. Il confirme d’ailleurs qu’il est l’un de ceux qui parviennent le mieux à trouver des mélodies efficaces sur n’importe quelle prod.
Ce n’est qu’un début
On sent une très forte inspiration américaine dans ce projet. Cela se voit dans la construction de la majorité des sons. Les couplets sont ainsi souvent mis au second plan et une place royale est laissée aux refrains. L’exemple le plus criant de cette façon de faire est « B!tch » en collaboration avec Hamza. Ce qui va sûrement être, connaissant la fanbase des deux artistes, un énorme hit, laisse les inspirations d’outre-Atlantique prendre le dessus. Les couplets, de très bonne facture, sont en retrait face à un refrain terriblement lancinant. Ça ne plaira pas à tout le monde, c’est sûr, mais c’est une façon pour Josman de nous en dire un peu plus sur lui-même et ses références.
Avec « Split », Josman offre un projet qui décrit parfaitement son univers, sans faire de concessions. Cet album est très plaisant à écouter, et il saura trouver son public. Une tournée attend maintenant l’artiste, le Split Tour, à compter du 28 mars. On ne se fait pas de soucis pour Josman, l’avenir est à lui et le succès est d’ores et déjà au rendez-vous. On peut sans trop prendre de risque prédire que « Split » sera – au moins – disque d’or. De toute façon, comme Josman le dit lui-même dans « Bambi », « d’cette putain d’vie j’suis qu’un apprenti ». Un apprenti parmi les plus prometteurs de France.