Timal est revenu le 28 février dernier avec son deuxième album studio, « Caliente ». Placé sous le signe de la chaleur, ce second projet est un concentré de tout ce que sait faire de mieux le rappeur du 77.

Ça fait moins de 4 ans que Timal a percé, et pourtant l’époque des freestyles Daymolition semble très loin. Avec « Caliente », le rappeur de Champs-sur-Marne réalise une belle démonstration de ce qu’il fait de mieux. En d’autres termes : il enflamme les prods. On le comprend dès les premières secondes de l’album puisqu’il débute son projet en disant « Personne ne nous connaissait, on a tué des prods. qui ont fini méconnaissables ». C’est plus ou moins ce qu’il va faire tout au long de l’album. Toujours attaché au thème de la chaleur (son premier album s’appelait « Trop chaud »), il offre un album à la tonalité presque estivale. Sous une dominante trap, aidé par des prods calibrées même si pas révolutionnaires, Timal peut délivrer son message en s’appuyant sur son point fort : son flow.

En effet, ce qui démarque Timal dans la scène rap est son flow et son écriture remplie d’assonances et d’allitérations. Concentré d’énergie, flirtant souvent avec le cri, il est dans la droite lignée des très gros kickeurs français. Pourtant, à la différence de certains, Timal garde une mélodie dans son flow qui lui permet d’embrasser des prods. plus posées comme sur « Le temps passe » ou « Copilote ». Entre beaux moments de découpage de beat et parenthèses musicales, Timal fait étalage de ses divers flows, tous plus efficaces les uns que les autres. Attention cet album n’est pas révolutionnaire, on pourrait lui reprocher de rester dans un style déjà vu, mais ce serait être beaucoup trop tatillon. Timal sait ce qu’il fait, et le résultat est de très bonne facture.

Toujours trop chaud

Les thématiques abordées par l’artiste ne sortent réellement plus de l’ordinaire. Il parle essentiellement de ce qu’il connait, entre trafic de drogue et histoires d’amour. On ne peut pas reprocher à Timal d’avoir changé, il raconte toujours sa vie avec honnêteté. Le titre « Vida » est un bel exemple de ce que peut proposer Timal au niveau des paroles. Pour un second projet il parvient, même si ses thématiques ne changent pas vraiment, à ne pas être répétitif. C’est déjà un tour de force. Mais qui plus est, on sent l’album plus abouti. Les instrumentales sont beaucoup plus marquantes, le flow toujours aussi hargneux, le mixage des sons plus efficace. Résultat, « Caliente » ne sonne pas comme un « Trop chaud 2.0 », ce qu’on pouvait redouter.

Le projet n’est bien sûr pas parfait. On aurait aimé des prods. plus variées par moments. L’album est également assez léger malgré des paroles souvent sombres, et les quelques moments où Timal découpe réellement l’instrumentale sont vite mis au second plan par les sons plus colorés (qui sont, par contre, maitrisés à la perfection). Plus de diversités dans les flows donc, on sait que Timal en est capable. Propulsé par le single « Cavaler«  (7,7 millions de streams sur Spotify et 7,2 millions de vues sur YouTube), cet album apparait malgré tout comme l’un des projets les plus mémorables du début d’année 2020. La réécoute est très simple, on ne se lasse pas facilement et certains morceaux ont un réel potentiel de hit. 

 

Un hit et des feats calibrés

On aurait pu miser sur « Cavaler » qui a déjà le statut de single ou sur « Week-end » en featuring avec Leto qui a un potentiel très viral, mais l’extrait de « Caliente » qui a le meilleur potentiel de banger est certainement « La 13 ». Sur une prod. complètement novatrice, œuvre de BBP, le beatmaker attitré de PNL qui a placé sur certains des plus gros morceaux de ces dernières années, Timal envoie son album en orbite. Résultat, deux couplets bouillants qui donnent envie de faire exploser ses enceintes, entrecoupés d’un extrait de journal télévisé qui permet à l’auditeur de reprendre son souffle. Le dernier enfant de cette série lancée par Timal avec La 1 en novembre 2016 est peut-être le plus réussi. Détrôner « La 9 (Ruinart) » et ses quelques 8,5 millions de vues sur YouTube va être compliqué, mais « La 13 » en a la capacité. C’est une réelle démonstration qui ne demande qu’à devenir un banger.

Une autre force de cet album sont les featurings. Un changement pour Timal qui jusqu’à il n’y a pas si longtemps ne collaborait pas – ou peu – avec d’autres artistes. Pas trop nombreux, ils apportent tous leurs pattes pour rajouter de la consistance à l’album. PLK amène sa technique irréprochable et un refrain entêtant sur Promis. La collaboration avec Maes et celle avec Leto sont beaucoup plus dansantes, et peuvent rapidement devenir des tubes. Trois feats permettent à Timal d’équilibrer son album, en offrant des touches plus mélodieuses dans les flows ou des refrains pensés pour marcher. On sent le recul qu’a déjà pris Timal sur sa musique. Avec « Caliente », il veut franchir une nouvelle étape dans sa carrière. Force est de constater qu’il remplit toutes les cases. Alors que son premier album, « Trop chaud », est déjà certifié disque de platine, on peut affirmer sans trop s’avancer que Timal vise au moins aussi bien.

Un concentré de réussite

Les multiples inspirations de Timal se ressentent dans ce deuxième projet. De sa jeunesse en banlieue parisienne, entre la Seine-Saint-Denis et la Seine-et-Marne, à ses origines guadeloupéennes, il rend hommage à son passé dans cet album. Il conclut son projet avec le morceau « Sale », composé par Jeoffrey Dandy, sur un note mélancolique à grand renfort d’autotune. Une chute douce et mélodieuse, qui montre que la construction de l’album n’a pas été laissée au hasard, comme pour le parfaire. Les propriétaires de la version physique ont droit à trois titres supplémentaires (« Smile », « T’es où ? » et « Charbonner »), qui apportent une touche de musicalité – surtout « T’es où ? » – mais brisent un peu la dynamique de fin instaurée avec « Sale ».

Timal s’est ouvert à son public et aux autres avec ce projet. Un projet qu’il va défendre, d’abord par une tournée médiatique amorcée la semaine dernière, puis certainement par une tournée ou – au moins – de nombreuses apparitions en festival. En tout cas, loin d’être redondant, son deuxième projet est une franche réussite. Il ne réinvente par le rap mais offre une prestation de grande qualité, qu’il contrôle de bout en bout. Ayant déjà rencontré le succès critique et populaire, le rappeur du 77 va pouvoir profiter du succès presque garanti de son nouveau projet pour prendre du bon temps et penser à la suite de sa carrière. À 22 ans, il est encore très jeune et ne peut que trouver des pistes pour s’améliorer, alors qu’il est déjà très fort. Il y a quelques jours, Timal disait sur Clique Talk que « peut-être que sur les prochains projets on arrêtera la chaleur ». En attendant, cette fois, il a été incandescent.

 

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Dorian Lacour