Tout juste âgé de 20 ans, D4R compte déjà trois projets à son actif. Son rap est très étoffé, alternant entre morceaux chantonnés et kickage brut. Le MC du 92, qui vadrouille entre Clichy et Courbevoie, est extrêmement prometteur. Sans surprise, il se trouve dans notre liste des 12 rookies à suivre.

Salut D4R, est-ce-que tu pourrais te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Moi c’est D4R, je suis un rappeur du 92, avant j’habitais à Clichy mais après mes douze ans j’ai déménagé à Courbevoie, depuis je bouge entre les deux, et j’ai 20 ans.

D4R

D4R

Depuis combien de temps est-ce-que tu es dans le rap ?

J’ai commencé à écrire mes premiers textes à seize ans, et je me suis lancé en studio vraiment à dix-sept ans. Là j’ai déjà trois projets (« La rue », « À grands pas » et « La rue 2 » – ndlr).

Pourquoi as-tu décidé de devenir rappeur ?

Je n’ai même pas décidé en fait, à la base j’étais vraiment bon au foot, mais les aléas de la vie ont fait que je me suis retrouvé dans la musique. J’ai arrêté le foot en U17, et j’ai décidé de faire du rap à ce moment.

Pour toi, le rap, c’est quoi ?

C’est une passion, un métier, c’est tout. Tu viens en studio, tu sors un texte, c’est de la musique avant que ce soit du rap.

Quelles ont été tes influences ?

Niro quand j’étais jeune, c’était un tueur, aujourd’hui j’écoute un peu moins mais il est trop fort. Après il y avait les mecs de ma ville aussi, les grands de chez moi.

Comment est-ce-que tu définirais ton style de rap ?

Comment dire, moi je fais de tout, c’est mon avantage, je m’adapte. Je travaille beaucoup en studio, la mélodie, les textes trap, les textes conscients. Si tu écoutes mes albums, il y a de tout, j’essaye de toucher tout le monde, et ça commence à prendre !

À quel moment est-ce-que tu as senti que quelque chose se passait autour de toi et de ta musique ?

Quand j’ai fait le WESH de Booska-P ça m’a donné un coup de boost, ça m’a rassuré un peu dans mon parcours. Je me suis dit que ça commençait à être sérieux, que les gens allaient commencer à me prendre au sérieux. Maintenant je suis lancé à fond dedans. 

Tu as déjà mine de rien une belle expérience derrière toi, avec pas moins de trois projets derrière toi. Raconte-moi ce qui a changé pour toi depuis « La rue » ?

Plein de trucs ! J’ai grandi, j’ai aussi fait une pause. J’ai sorti mon premier projet « La rue » en 2017, mais rien en 2018, j’ai voulu faire une pause vu que je ne connaissais pas bien le monde de la musique. J’ai pris conscience de ce que c’était, du travail, de la réflexion, des heures de studio. Il y a 3-4 ans je ne savais pas tout ça, je pensais que tu envoyais un freestyle sur les réseaux sociaux et que c’était bon, mais c’est pas ça du tout. C’est des heures de mixage, c’est une vraie galère mais c’est un kiff aussi !

Dans « Golf 7R », qui est un de tes morceaux phares, tu dis que tu t’en « bats les couilles d’leurs histoires, tant qu’j’suis validé par les grands d’ma ville ». Alors, aujourd’hui, t’es validé ?

Bah oui, obligé, sinon j’aurais arrêté ! Mais surtout ce qui me choque c’est les petits, parce qu’être validé par les grands c’est normal au calme, mais les petits ils me regardent et ils kiffent alors que j’ai rien fait encore. C’est pour ça qu’il faut pas que je lâche, il y a même des darons et des daronnes qui kiffent, des gens qui n’ont pas du tout mon âge. Je compte pas lâcher !

Tu as donc sorti cette année « La Rue 2 », le 14 janvier. Comment est-ce-que ce projet a été reçu par ton public ?

Les gens ont découvert un autre côté que je n’avais pas montré dans « À grands pas ». Dans « La Rue 2 » je me suis plus ouvert avec des sons comme « J’ai pas touché » ou « Mendosa », c’est un côté plus artistique. « À grands pas » c’était plus une démonstration du fait que je savais rapper. J’ai eu de meilleurs retours avec « La Rue 2 » alors que j’en avais déjà eu de très bons sur le projet d’avant. Là les gens m’ont dit qu’il méritait d’être dans les albums plus connus. Mes potes m’ont même dit que j’avais fait un projet comme si j’avais déjà percé !

Pour toi, « La Rue 2 » ça représente un aboutissement ou juste un commencement ?

Je pense plus que c’est un début, je pense que ça a montré à mon public ce que moi j’aimais vraiment faire. Bien sûr je vais faire des choses différentes de « La Rue 2 » mais c’est ça mon univers, c’est une bonne cartouche de lancement.

Est-ce-que tu peux aussi me parler de « Boca », le seul morceau de « La Rue 2 » que tu as clippé ?

Ce son-là c’est une vraie histoire, en fait je l’ai fait dans la même semaine où ça s’est passé. J’ai fini ma garde-à-vue de quatre jours et je suis directement allé en studio, j’ai décrit ce qu’il se passait. De base je kiffais de ouf, les sons où je parle de ma mère j’aime beaucoup, j’ai vu que les gens aimaient bien aussi alors je l’ai clippé.  

D’ailleurs, si je ne me trompe pas, à la base ce projet n’était pas censé s’appeler « La Rue 2 ». Pourquoi ce changement d’avis ?

À la base je devais l’appeler « NZT », mais c’était en référence à un film, c’était trop compliqué. J’ai déjà fait « La rue » alors je me suis dit qu’il fallait faire « La Rue 2 ». Je me suis dit que j’allais lancer un concept, je pense qu’il y aura « La Rue 3 » qui va arriver, mais avant y aura deux autres projets, c’est sûr. 

Ah ouais tu charbonnes…

Je suis tout le temps au studio, mes potes me disent qu’ils me voient plus, ma mère pareil elle ne me voit plus. Je ne m’arrête pas, je travaille, c’est que le début !

Dernièrement tu étais sur la compil « Booska Pefra, Vol. 7 ». Qu’est-ce-qu’on ressent quand on est invités à réaliser un freestyle Booska-P et qu’il se retrouve sur un album ?

C’est une grosse fierté, j’étais grave content quand on me l’a annoncé. J’ai regardé les noms qu’il y avait sur la compil, je me suis dit qu’on ne m’avait pas pris pour n’importe quoi, il y avait Jul, Maes, plein de monde ! J’étais content et je me suis dit qu’il fallait que j’envoie un son qui ne les déçoive pas, un son qui mérite d’avoir sa place.

D’ailleurs, j’ai remarqué qu’on ne retrouve aucun featuring sur tes projets, pourquoi ça ?

Je sais pas, pour l’instant je préfère me concentrer sur moi-même. Je ne dis pas que je n’ai pas envie d’en faire, si ça vient, ça vient, mais pour l’instant je préfère me concentrer sur moi et avoir un bon public. Dans ma génération je suis l’un des seuls à ne pas en avoir fait, mais je préfère rester dans mon coin pour l’instant, après on verra.

Tu as envoyé dernièrement deux freestyles sur YouTube, « #TEUDGER 1 » et « #TEUDGER 2 ». C’est le début d’une longue série ?

C’est parce que j’avais des sons en stock, je vais en sortir un troisième bientôt, comme ça les amateurs de rap dur et de trap vont kiffer. Dernièrement je ne faisais que des sons commerciaux chantés, et des potes à moi me disaient « il faut que tu kickes ! », alors j’ai envoyé ces freestyles. 

 

Si tu devais faire découvrir ta musique avec un seul son, ce serait lequel ? Et pourquoi ?

Franchement, « Golf 7R ». Personnellement ce n’est pas mon son préféré mais c’est le son où j’ai vu que les gens accrochaient le plus, ils m’ont tous dit que le son restait dans la tête, donc « Golf 7R », ou « Boca » aussi peut-être. Je te parle que des sons clippés là, pas des morceaux d’album. 

Imaginons, tu as un projet 15 titres qui arrive et tu as le droit à 3 featurings, tu choisis qui ?

Angèle déjà, après Booba ça reste la base, et le troisième je dirais Niro, je veux un mec où je sais que c’est dur d’assumer un feat. 

Comment est-ce-que tu vois l’évolution de ta carrière ?

J’aimerais que les gens découvrent plus mon univers, je pense que ça va arriver de toute façon. Je veux faire en sorte que les gens accrochent plus, même au niveau des clips et des promos. Là ça va venir, c’est un monde professionnel donc on est obligés de s’adapter et d’être pros.

On peut s’attendre à quoi pour la suite de ta carrière ?

Il y a une compil qui arrive bientôt, en juin, avec huit sons rappés purs, les trois freestyles « #TEUDGER » et cinq inédits. Ensuite il va y avoir une mixtape à la rentrée qui devrait s’appeler « Quatro », et en janvier normalement « La Rue 3 ». On a déjà pas mal de sons au master. Au niveau des clips, je pense que je vais en sortir trois ou quatre pour annoncer les projets, après il y aura aussi plein de freestyles tu connais !

 

Dorian Lacour