Dans le milieu (encore) ultra-masculin qu’est le rap, Leys compte bien se faire une place en or. Reine du freestyle, elle étoffe son style pour proposer à ses fans un contenu qui lui ressemble vraiment. Originaire de Reims, elle est pleine d’ambition et la suite de sa carrière s’annonce brillante. Évidement, nous l’avons placée dans notre liste des 12 rookies à suivre.

Salut Leys, est-ce-que tu pourrais te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Alors je suis Leys, je viens de Reims, du 51, et j’ai 22 ans.

LEYS

Leys

Depuis combien de temps est-ce-que tu es dans le rap ?

Depuis 2014 je vais en studio et je rappe.

Pourquoi as-tu décidé de devenir rappeuse ?

Tout simplement parce que je ne me voyais pas trop chanter, je voulais entrer dans un délire plus enjaillé et je n’aime pas faire comme les autres. Je me suis dit que j’allais rapper, aussi parce que j’aime bien écrire la langue française, faire des métaphores, jouer avec les mots, donc le rap c’était idéal. Avant de commencer la musique je ne m’étais pas dit que j’allais faire ça de ma vie, mais une fois que j’ai commencé, c’était parti.

Pour toi, le rap, c’est quoi ?

On va dire que c’est quelque chose que j’aimerais faire comme métier plus tard, c’est à la fois une passion et un objectif d’avenir, de devenir artiste à plein-temps. 

Quelles ont été tes influences ?

Au niveau des influences musicales, j’écoutais beaucoup de rap français jusqu’à l’an dernier, mais cette année j’ai commencé à écouter des artistes d’autres pays, d’Allemagne, d’Italie… Des trucs assez improbables que les gens en France n’écoutent pas vraiment. Si tu veux des noms, je dirais Nicki Minaj aux États-Unis, Loredana en Allemagne, c’est souvent des meufs qui s’imposent en fait. En France je pense à Ninho.

Comment est-ce-que tu définirais ton style de rap ?

Du rap pour tout type de personne, des darons ou des petits, tout le monde peut écouter. C’est du rap sans vraiment de grossièretés, accessible à tous.

À quel moment est-ce-que tu as senti que quelque chose se passait autour de toi et de ta musique ?

C’était la première fois qu’on m’a proposé de me manager, en 2014. Pour moi, quand tu fais des vidéos sur les réseaux, ça n’existait pas le fait qu’on vienne te repérer. C’est quand on a commencé à me parler d’argent pour ma musique que je me suis dit que c’était sérieux.

Tu t’es d’abord fait connaitre par des freestyles sur YouTube et les réseaux sociaux. Un des premiers qui t’a exposé était ton Couvre Feu sur OKLM Radio en 2017. Quel souvenir est-ce-que tu en gardes ?

Franchement, que des bons souvenirs, ma famille écoutait beaucoup les Nèg’ Marrons alors ils étaient choqués que je sois en contact avec Jacky Brown. Ça m’a propulsé, ça a permis que des gens me prennent au sérieux, et je suis toujours en contact avec Jacky aujourd’hui. 

Peu après on te retrouvait dans l’épisode 9 de Rentre dans le Cercle. Comment as-tu été contactée et est-ce-que ça t’a donné une plus grande visibilité ?

Je pense que c’est par rapport au fait que j’ai fait un remix de « Tout l’monde s’en fout » de Fianso, il a kiffé et il m’a contacté pour me proposer de faire le Cercle. J’ai accepté direct ! Pour ce qui est de la visibilité, oui bien sûr, même dans ma ville il y a des gens qui ne me connaissaient pas, dans ma propre ville ! Quand tu es une meuf même si tu rappes bien les gens, et surtout les gars, ont du mal à adhérer, alors le fait qu’un rappeur comme Fianso me donne de la visibilité et me « valide », ça a permis de me donner de la crédibilité auprès de certaines personnes.

Justement, dans ton freestyle dans le Cercle, tu dis « comme Diam’s le modèle ouais j’suis seule dans ma bulle ». Quel rôle a joué Diam’s dans ta construction en tant que rappeuse ?

Déjà, c’est paradoxal parce que je kiffe Nicki Minaj et Diam’s, donc ça n’a rien à voir ! Mais Diam’s m’a poussée dans l’idée de faire quelque chose de propre, de parler bien et de m’exprimer bien. Je ne juge pas ceux qui parlent de drogue et de sexe, mais moi je me suis dit que j’allais revendiquer mes valeurs depuis que je suis petite. Diam’s c’est un exemple qu’il est possible de percer dans le rap sans parler de tout ça, c’est même l’exemple type !

Ensuite tu es régulièrement apparue sur Planète Rap en 2019, on t’a vue avec Hayce Lemsi, Marwa Loud, KPoint et Chilla notamment. Pour une freestyleuse comme toi, ça fait quoi de devoir envoyer à Planète Rap ?

Franchement c’est lourd, c’est grave bien surtout que ce ne sont que des artistes que je kiffe. Ça met la pression parce que c’est en direct mais c’est trop bien. Je suis très perfectionniste donc je stresse beaucoup à chaque fois avant, mais ça s’est toujours très bien passé.  

D’ailleurs, tu avais livré ton exclu « Bad Gyal » au Planète Rap de Marwa Loud et tu l’as clippé par la suite, c’est un de tes plus gros succès. Raconte-moi l’histoire de ce morceau…

En gros j’ai écrit un son un peu été et on ne devait pas l’envoyer en premier. En fait je l’avais déjà clippé quand je suis allé à Planète Rap. On a eu de très bons bons retours, on savait que ça allait plaire plus aux meufs et on se doutait que ça allait marcher, alors on a posté le clip. À l’heure actuelle c’est le son que les gens streament le plus !

Tu as aussi repris l’instru de « 7 Rings » d’Ariana Grande pour un freestyle l’été dernier. Comment t’est venue l’idée ?

Franchement le son je l’ai kiffé, pourtant c’est une instru vraiment différente de ce que j’utilise d’habitude, mais là j’ai juste posé et j’ai kiffé ! Le fait qu’Ariana Grande soit écoutée par des gens super jeunes ça a fait qu’un public jeune s’est intéressé à ce que je faisais, et c’est très bien ça aussi. 

Cette année on t’a retrouvée en featuring avec Aïcha sur le titre « Les States ». Comment s’est faite cette connexion internationale ?

Aïcha je la connais parce qu’elle avait remixé Hayce Lemsi, j’ai kiffé son délire, je l’ai follow, on a parlé et on était tout de suite sur la même longueur d’onde. On s’est dit qu’on allait faire un son ensemble, et normalement il devait être sur mon projet mais finalement il a pris du retard alors on s’est dit qu’on allait le mettre sur le sien. On va le clipper bientôt, et les américains même s’ils n’aiment pas trop ce qui n’est pas en anglais, ils ont grave kiffé mon flow !

De ton côté, tu as envoyé « Sortir de la tess » le 29 avril dernier. Comment est-ce-que ton public a réagi à ce morceau ?

C’est un son que j’ai kiffé faire, malheureusement il est sorti pour le confinement. Ça me ressemble, avec un refrain chanté et des couplets kickés, c’est exactement la recette que j’ai envie de prendre pour les prochains sons d’ailleurs. Les gens ont kiffé, après en fait j’ai mis la veille sur Twitter un extrait du morceau, et le fait que je dise « tess » ça n’a pas plu à certains. Tu vois pour moi « tess » c’est un quartier et j’habite dans un quartier, c’est pas en mode racaille. Mais les garçons sont super pointilleux, pour eux dès que tu parles de tess tu parles de gang, alors que mon son ne parle pas du tout de ça. Sur Twitter c’était un peu compliqué, il y a des gens misogynes qui ont commencé à critiquer… Mais sinon j’ai eu de très bons retours, les gens ont kiffé !

En fait tu as eu une sorte de bad buzz mais ça s’est vite étouffé ?

C’est pas un bad buzz, parce qu’un bad buzz c’est quand des personnes sensées parlent. Mais quand c’est des personnes insensées qui racontent n’importe quoi ça n’en est pas un. Mais ça m’a donné de la visibilité, j’ai fait 100 000 vues sur Twitter, ils m’ont fait de la pub on va dire !

Si tu devais faire découvrir ta musique avec un seul son, ce serait lequel ? Et pourquoi ?

Ce ne serait pas un son sorti déjà, pour moi dans ce que j’ai fait jusque là je ne suis pas à mon niveau ultime. Mais si tu me demandes un son que j’ai déjà dans ma palette ce serait « Sortir de la tess » parce qu’il y a un refrain mélodieux et les couplets kickés, c’est tout moi en fait.

Imaginons, tu as un projet 15 titres qui arrive et tu as le droit à 3 featurings, tu choisis qui ?

Je vais prendre Nicki Minaj déjà, Roddy Ricch et en français SCH je dirais. 

Comment est-ce-que tu vois l’évolution de ta carrière ?

Déjà je vais sortir des sons qui me ressemblent à 100%, sortir un projet qui me ressemble. Le premier projet ne va pas avoir beaucoup de titres mais ce seront les meilleurs possibles. Ça va permettre de voir comment les gens adhèrent, parce que c’est bien de sortir des sons mais un projet c’est plus compliqué. Ensuite il pourra y avoir un projet plus long, mais on verra plus tard. 

On peut s’attendre à quoi pour la suite de ta carrière ?

Je prépare des sons qui me ressemblent vraiment, et du visuel aussi.

 

Dorian Lacour