La ville de New-York a toujours eu une grande importance dans la culture hip-hop. D’abord en tant que berceau de cette dernière dans les quartiers défavorisés d’Harlem des années 70 avec des DJ comme Grandmaster Flash suivi par les groupes de jeunes rappeurs comme celui de Run DMC qui ont fait résonner ce nouvel art aux quatre coins des États-Unis.
Les années 80 ont vu l’apparition d’un des groupes les plus important de l’histoire du rap : A Tribe Called Quest. Leurs projets imprégnés de sonorités dansantes ont affirmées l’importance de New-York. Mais c’est à partir des années 90 qu’apparaîtront les poids lourds qui définissent le rap East Coast. Ainsi, chaque arrondissement possédait un porte-étendard ainsi qu’une musicalité particulière : Brooklyn avec The Notorious B.I.G, Queens avec Nas, Manhattan avec Big L, le Bronx avec Big Pun et l’arrondissement souvent moqué de Staten Island avec le légendaire Wu-Tang Clan. Mais il ne faut pas oublier les autres acteurs important comme Busta Rhymes, Mobb Deep ou Mos Def qui ont contribué à ce qui sera nommé plus tard l’âge d’or du rap.
The Notorious B.I.G
Le milieu des années 90 et le début des années 2000 rime avec l’apparition de ce qui deviendra le principal ennemi de New-York, le rap de la West Coast. Afin de rivaliser avec son concurrent, la ville va produire des rappeurs toujours plus innovants comme Cam’ron, Jay-Z, 50 Cent et de nombreux autres.
50 Cent
Mais au cours de la dernière décennie, New-York a grandement perdu de son influence, principalement en raison de l’émergence des deux nouveaux hubs du rap : Chicago et Atlanta. New-York ne possède plus le monopole du talent, il est réparti dans le pays tout entier. Mais la nouvelle vague de prodiges issus des cinq arrondissement de la Big Apple pourrait remettre la ville sur la carte. Nous avons donc sélectionné les artistes de la nouvelle wave sur qui miser pour les prochaines années.
Lil Tjay
Très certainement l’artiste le plus prometteur de cette liste, Tione Jayden Merritt alias Lil Tjay est le nouveau prince du Bronx. Il commence sa carrière en 2017 et est fortement inspiré par des chanteurs de pop comme Michael Jackson ou Justin Bieber, influence qui le mènera à apporter un rap plus chanté sur les refrains.
© DR
C’est avec son single “Resume” publié sur soundcloud qu’il fait parler de lui au sein de son quartier. Il aborde principalement le sujet des femmes mais se cantonne principalement à ses expériences personnelles, préférant ne pas s’enfoncer dans l’égotrip. Il signera son deal avec Columbia Record peu après la sortie de son second single “Brothers”. Mais c’est en 2019 que Lil Tjay rencontrera ses deux plus gros succès. Son premier est son apparition sur le morceau de Polo G “Pop Out”, qui cumule actuellement 190 millions de vues sur Youtube. Le second vient du principal single de son premier projet “True 2 Myself’, “F.N” (Fuck/Fake Niggas ). C’est sur ce dernier titre qu’il aborde notamment les trahisons qu’il a subit dans sa vie. Très proche de Pop Smoke, il est en featuring sur les titres “War” et “Mannequin” issu de la mixtape “Meet The Woo 2”. Il a récemment sorti un EP nommé “State of Emergency”, en référence au confinement strict que subit sa ville suite à la pandémie.
A Boogie Wit Da Hoodie
Considéré comme le principal rival de Lil Tjay pour la couronne de New York, A Boogie Wit Da Hoodie est cependant plus ancré et respecté en raison de son ancienneté et sa panoplie de hits. Tirant son nom du personnage d’Ace Boogie dans le film Paid In Full, Julius Dubose est lui aussi issu du Bronx.
© Dana Scruggs for Rolling Stone
Il commence sa carrière en 2014 avec quelques titres qui n’auront pas beaucoup d’impact, mais il décollera après avoir fondé son propre label en 2015 qu’il nommera après le nom du quartier qui l’a vu grandir : “Highbridge”. C’est l’année suivante qu’il sortira sa première mixtape “Artist” sur laquelle figure un titre qui le propulsera au top des charts “My Shit”. On retrouve sur ce morceau une recette dont on retrouve encore quelques traces sur ses projets les plus récents. Il s’inspire du melting-pot culturel du Bronx pour apporter des tonalités aiguës et des beats dansants tout en abordant des sujets tantôt basiques tantôt très sérieux. Il enchaîne quelques mois plus tard avec “Timeless”, qui confirmera qu’il compte bien s’imposer sur la scène internationale. En 2017, il sort son premier album “The Bigger Artist” sur lesquels figure son plus gros succès “Drowning” avec Kodak Black en featuring. Avec son second album “Hoodie SZN”, il vend en première semaine 90 000 unités et se hisse à la deuxième place 2 du Top Albums Billboard, principalement grâce aux singles “Startender” et “Look Back at It”. Et c’est après une pause d’un an et demi que le roi d’Highbridge revient avec Artist 2.0, avec Roddy Ricch et Gunna qui l’accompagnent sur le single “Numbers”.
Fivio Foreign
Fivio Foreign est l’une des nouvelles étoiles montantes de la ville. Ayant grandi dans les quartiers défavorisés de Brooklyn, le rappeur de 24 ans rejoint très tôt les Crips de New-York et commencera sa carrière dans la trap en 2011. Mais il ne connaîtra un véritable succès qu’au cours des deux dernières années avec l’émergence de la Drill en Angleterre.
© DR
Fivio sera un des premiers artistes de Brooklyn à poser sur les beats publiés par les producteurs de drill anglais sur Youtube (et principalement ceux de Axl Beats). Il ajoute un flow et des gimmicks bien plus dansants aux paroles crues du sous-genre. Il sort son premier hit “Jumpin” en août 2019. Il s’allie avec les autres principaux acteurs de la drill de Brooklyn comme Ron Suno, Sosa Geeks et Pop Smoke sur quelques featurings avant de sortir son premier projet “Pain and love” sur lequel figure le morceau qui a fait danser la planète entière “Big Drip”. Après le décès de Pop Smoke, il se replace sous les projecteurs en tant que chef de file du mouvement de BK Drill et publie son premier album “800 BC”, sur lequel figure son dernier hit “Wetty”, qu’il a longuement teasé sur Thriller. Sa dernière apparition est sur le morceau “War”, tiré de la mixtape de Drake “Dark Lane Demo Tapes”.
Bobby Shmurda
S’il faut retenir un artiste New-Yorkais du début des années 2010, c’est bien lui. Lui aussi originaire de Brooklyn, il mélange la trap de son quartier (en plein essor à ce moment) à ses origines caribéennes (Jamaïque et Trinidad) au travers de gimmicks et de pas de danses endiablés.
© DR
Il se lance dans le rap en 2004 avec des remix de tubes comme “Knuck If you Buck” de Crime Mob mais c’est en 2014 qu’il publie sur Youtube le titre qui va le faire connaître lui et sa danse – le “Schmoney Dance” – à travers le monde. “Hot Nigga” est une reprise du beat de “Jackpot” de Lloyd Banks et est repris massivement sur la plateforme Vine par de nombreux artistes comme Chris Brown, Beyonce, Drake, etc. Il poursuit la même année après sa signature chez Epic Records avec deux titres qui vont enflammer la toile pour différentes raison. “Bobby Bitch” fait parler de lui suite à la publication d’un snippet délirant où le gang de Shmurda s’éclatent dans le studio d’enregistrement. Son couplet sur le morceau “Computers” de Rowdy Rebel, son ami de longue date, devient un meme sur Vine suite à un sketch de Elitelife_KD.
Mais les problèmes de la rue ont vite rattrapés le jeune rappeur. Il est arrêté avec 14 autres membres de son gang, les GS9, en juin 2014 pour possession illégale d’arme à feu, de drogue et tentative de meurtre. On lui propose une peine de 5 ans mais il la refuse car son associé Rowdy Rebel n’a pas reçu la même offre. Il prendra donc deux années de la sentence de son ami, le faisant passer de 10 à 7 ans, pour que les deux puissent sortir en même temps. Tandis que sa date de sortie prévue pour fin 2020 approche à grand pas, la communauté hip-hop attend à grand pas le retour du prodige de Brooklyn qui avait permis à New York de regagner du respect.
6ix9ine
Très certainement l’artiste avec le parcours le plus invraisemblable des 20 dernières années, Daniel Hernandez alias Tekashi 6ix9ine a marqué sa génération. Pourtant, son profil n’avait rien de remarquable. Travaillant dans un bodega (l’équivalent d’une épicerie aux USA) de Brooklyn, le jeune homme s’est d’abord fait connaître sur les réseaux sociaux en postant des photos de lui portant des vêtements streetwear ridicules.
Peu après, il est repéré par le grand frère du rappeur Zillakami qui le fera rentrer dans leur collectif “Scum Gang”. De là, l’équipe de Zillakami formera 6ix9ine en écrivant des morceaux pour lui et en lui créant son personnage. Mais suite à un scandale sexuel avec une fille mineur, il sera viré du groupe et rejoindra les rangs du rappeur Trippie Redd. Son succès local est mineur mais il est vite remarqué en Europe de l’est, plus particulièrement par la chaîne Youtube “FCK THEM” qui publiera le clip “POLES1469” et invitera l’artiste à faire une tournée européenne. Quand l’affaire de pédophilie forca 6ix9ine à aller au tribunal, il fût à nouveau renvoyé de son collectif et rentrera dans un beef avec Trippie qui animera la toile pendant des mois. C’est suite à ce beef qu’il sortira “Gummo”, le morceau qui le fera percer au grand public. Il enchaîne avec Kooda, Tati, Fefe, Keke, Bebe et Billy qui figureront sur ses deux projets “Day69” et “Dummy Boy”.
Mais les problèmes judiciaires rattraperont l’artiste suite à un beef avec Chief Keef qui résulta en une tentative de meurtre contre ce dernier. L’état de New York poursuivit 6ix9ine et son gang Tr3yway pour leurs implications dans de nombreux crimes. Dos au mur, il dénonce tous les membres du groupe des Nine Trey Bloods et écope d’une peine de 16 mois de prison. Sorti plus tôt en raison de la crise du coronavirus, il explose déjà tous les records avec un live Instagram cumulant plus de 2 millions de viewers ainsi que le clip de “Gooba” qui a dépassé les 40 millions de vues en 24h.
Lil Tecca
Le plus jeune de cette liste mais aussi l’un des plus prometteurs, le rappeur de 17 ans se lança dans le rap en enregistrant des freestyles avec son casque de jeu Xbox avant de les publier pour ses amis sur Soundcloud.
© DR
Début 2017, il décide de publier sérieusement de la musique. Il commence à se faire connaître en 2018 avec son apparition sur la chaîne Elevator avec le morceau “Count Me Out” et “Love Me”. Il s’affirme en 2019 avec une série de succès sur Soundcloud et Youtube en amassant des millions de streams avec les titres “Rags to Riches” et “Did it again” avant d’être repéré par Cole Bennett qui tournera son summer hit international “Ransom”. Il publie peu après sa première mixtape “We Love You Tecca” sous le label du groupe de producteurs Internet Money et a récemment publié un nouveau single “Out of Love”.
Ces six artistes ne sont bien évidemment pas les seuls à surveiller pour les années à venir, simplement ceux qui possèdent déjà une très grande influence. Pour les plus petites stars, nous vous invitons à écouter les artistes comme Flipp Dinero, Jay Critch, 22Gz et MaxThaDemon.
